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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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4 juin 2005

392 : "... et, hors du sexe, il n'est point de salut"

[...] Une jeune femme conduit Iérissos dans la chambre préparée; elle se penche sur le tiroir où Iérissos jette ses sous-vêtements; Iérissos voit le haut des seins de la jeune femme, ses mains s'ouvrent, se recourbent, la jeune femme lève les yeux, sourit:
- Viens les caresser, si tu le veux, je suis une esclave.

Iérissos s'accroupit, son short de flanelle grise se déchire, la jeune femme jette sa main vers la déchirure, entre les cuisses de Iérissos, l'enfant avance sa main vers les seins dorés par le soleil levant, il les touche, ses doigts pressent les tétons, une goutte de lait jaillit sur ses doigts, il la boit; la jeune femme, sa tête renversée en arrière, prend le bras de Iérissos, le repousse.

Iérissos baise cette main, baise les seins, les rayons chauffent ses lèvres, les cils de Iérissos battent sur le haut des seins, sur les tétons, la jeune femme recourbe la tête sur la tempe de Iérissos, baise les cheveux, l'oreille, Iérissos sent l'anneau courir dans les replis de son oreille, il relève brusquement la tête, prend les lèvres de l'esclave, mordille l'anneau, sa petite langue fouaille le palais bouillonnant, roule sur les dents, celles, brisées par le fouet ou la main; son poing descend entre les seins, sous la robe; la main de Bactriane prend le linge et le fait glisser dans le tiroir, puis revient sur les épaules de Iérissos, tire le col de la chemise, couvre les anneaux roulants du cou; un nuage voile le soleil, Bactriane et Iérissos s'abandonnent; la porte est grande ouverte sur le vestibule, Aravik paraît, chaussé de galoches de bois et de cuir d'âne, il se tient debout, les bras tendus chargés de bûches et d'écorces; Iérissos, couché sur le lit, les genoux levés, regarde le nuage rosé, Bactriane accroupie, range le linge, elle se relève, va vers Aravik, prend le bois sur le marbre; sur les écorces, le sang des doigts d'Aravik, lequel, toujours debout, sur le seuil, les frotte sur sa hanche; Iérissos pousse un petit cri, Bactriane se relève, court vers le lit, couvre avec sa main la bouche de Iérissos:
- Tu as des flammes dans les yeux, des nuages passent, se mêlent aux fumées; des couteaux-disques d'or tournent sur l'iris...

Pierre Guyotat.: Tombeau pour cinq cent mille soldats. Gallimard,

http://www.fpc.net/sites/bibliobleue/auteurs/Guyotat/Tombeau.htm


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