21 mars 2009
1173 : Révélation
Deux jours avec un seul oeil :
le médecin a posé un tampon
pour éloigner l'infection
de ma cornée abrasée.
S'y adapter est aussi difficile
que s'adapter à l'obscurité :
pas de troisième dimension
et l'oeil emmailloté
n'annonce au cerveau
qu'une tache de gaze.
On se sent maladroit :
l'ouïe et la pensée s'en ressentent.
L'odorat seul s'améliore
dans cet univers en réduction et brumeux.
Quand on a retiré le tampon
le monde réel était devenu alarmant,
distendu,trop brillant :
une sorte de plaisanterie, un livre-relief.
John Updike, La condition naturelle, Ed. Gallimard, 1988, p.54. Traduction Alain Suied.
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