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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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17 mars 2009

1169 : Au café des Aveugles

Il n'était pas encore tard, en effet. Notre désœuvrement nous faisait paraître les heures longues... En passant au perron pour traverser le Palais-National, un grand bruit de tambour nous avertit que le Sauvage continuait ses exercices au café des Aveugles.

L'orchestre homérique exécutait avec zèle les accompagnements. La foule était composée d'un parterre inouï, garnissant les tables, et qui, comme aux Funambules, vient fidèlement jouir tous les soirs du même spectacle et du même acteur. Les dilettantes trouvaient que M. Blondet (le Sauvage) semblait fatigué et n'avait pas dans son jeu toutes les nuances de la veille. Je ne pus apprécier cette critique; mais je l'ai trouvé fort beau. Je crains seulement que ce ne soit aussi un aveugle et qu'il n'ait des yeux d'émail.
Pourquoi des aveugles, direz-vous, dans ce seul café, qui est un caveau ? C'est que, vers la fondation, qui remonte à l'époque révolutionnaire, il se passait là des choses qui eussent révolté la pudeur d'un orchestre. Aujourd'hui tout est calme et décent. Et même la galerie sombre du caveau est placée sous l'œil vigilant d'un sergent de ville.

Le spectacle éternel de l'Homme à la poupée nous fit fuir, parce que nous le connaissions déjà. Du reste, cet homme imite parfaitement le français-belge.

Gérard de Nerval
Thérèse-Adéle Husson, Une jeune aveugle dans la France du XIXe siècle. Ramonville Saint-Agne, Éditions Érès, 2004.


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