1170 : Pleurer le soleil
« C'est un caveau bas, étouffant, à deux arceaux, où il me semble voir, en bonnets et en casquettes, une population plus vieille de cinquante ans que celle qui marche sur notre tête. C'est du peuple qui semble avoir appris, tout à l'heure, la victoire d'Austerlitz ou revenir de l'enterrement du général Foy. Il y a là le dernier des sauvages, avec un diadème de plumes, un tapeur de caisse nostalgique, aux paupières lourdes et lassées, exécutant sa musique avec une sorte de suprême indifférence mélancolique. Les aveugles, jeunes et vieux, avec des ombres noires dans le creux des yeux, sous le gaz qui leur frappe le crâne, jouent automatiquement quelque chose de criard et de plaintif, comme s'ils pleuraient le soleil. »
les Goncourt, Journal, dimanche 23 octobre 1864. Editions Bibliothèque Charpentier T2, 1895.