861 : Projet
Le tournant se produira en 1960. Hantaï reprend ses pliages et se retire à la campagne. « Je pensais que je n'avais plus besoin de contacts culturels, que mon problème me suffisait. » Son projet : la peinture pure. « Mes toiles ne sont jamais un écran où je projette mes visions, mes rêves, mes désirs. » Il précise : « Matisse disait aux peintres : « Coupez-vous la langue ! » Moi, j'ajoute ; « Crevez-vous les yeux ! »
Prenant le conseil au pied de la lettre, Hantaï peint aveugle. Il étend la toile sur le sol, puis la froisse. Lorsqu'il passe la couleur, celle-ci imprègne le relief des plis, les creux restent blancs. « Ce n'est qu'en dépliant l'étoffe que je vois le résultat.»
Otto Hahn, Hantaï : années d'apprentissage. L'Express du 22 au 28 mai 1981, p.51.