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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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1 novembre 2005

523 : «T'as pas mon cul dans l’œil ! »

Il y a déjà pas mal de temps que je l'ai perdue de vue, celle qui m'aura tapé dans l’œil par deux fois. 

La première, quand je la vis lors d'un vernissage dans une galerie où elle exposait de l'art moderne... 

J'étais en train de regarder, accrochée entre un MirÓ et un Brauner, une grande toile monochrome noire, sans doute peinte par un aveugle daltonien, me demandant si je n'avais pas perdu la vue au fur et à mesure de mon sommeil, lorsque, soudain, une personne... comme personne, m'est apparue, non sur le tableau noir - où à la suggestion d'un ami j'eusse dû dessiner à la craie un squelette tenant une canne blanche -, mais comme sortant d'un miroir, elle, rondement en relief, de dos...ailleurs...traversant la salle, puis vive et ondulante montant et descendant les escaliers... soudain, face à face; « Ah!... l'homme de ma vie! » J'en fus ébloui - j'en croyais pas mes yeux (comme recouvrant la vue).

-         J'en pince pour tes miches !

-         Chéri, c'que tu baises bien! Je m'y attendais pas ! On peut dire que tu m'en  bouches un coin...

-         Comme les Japonais, je miniaturise en grand.

      

Je suis heureux. Ça gâche tout !

Le second coup, ce fut pour l'anniversaire de notre rencontre. Je lui avais offert une culotte de satin à cinq cents balles ( « C'est pas une culotte, chéri, c'est une maison de campagne !») qu'elle ne put enfiler car trop étroite... « T'as pas mon cul dans l’œil ! », me lança-t-elle en même temps que son poing juste sous l'arcade sourcilière droite. In ictu oculi, j'en vis trente-six chandelles ! Tout le spectre lumineux y passa... jusqu'à cette sensation newtonienne de lumière blanche lorsqu'on tourne de l’œil; puis un voile recouvrant la vue.

D’illusions (de phantasmes ?) en phosphènes, elle m’en aura fait voir de toutes les couleurs – ce qui, vu sa profession, est parfaitement normal. Elle m’en a mis plein la vue, soit ! Ça fait partie du métier. Cependant, le fait même qu’elle soit tombée sur moi – pour ensuite me tomber dessus et enfin me laisser tomber – montre bien qu’elle n’était pas très équilibrée. 

( Elle m’avait dit : « Tu as le regard tellement triste, qu’on a envie de t’embrasser les yeux  » , ajoutant : « Le fils de ma sœur est né aveugle, mon frère et idiot, et moi je suis enceinte ! »)

-         Que veux-tu, l’indifférence n’a jamais été mon fait !

-        Ah, oui ? Celle du genre : « Quand le grand chouef y m’sodomouise, j’me mêle pas d’ses affaires ; c’est pas mes oignons : il est assez gland pour s’démelder tout seul ! »

Tirer un coup – puis galamment ma révérence. Non afin de matérialiser un zeugma (un attelage !!), mais pour en finir (avec la bonne femme) une fois pour toutes – et en beauté ! 

Maurice Roche : Qui n’a pas vu Dieu n’a rien vu (zapping). Editions du Seuil, Point Virgule, 1990, pp.52-54.


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