263 : Mort d'un monastère de banlieue

[...]

(excuse-moi, ma dakini intime
tu sais que je t'aime platoniquement
que j'écris mes poèmes pour toi, mais j'aime bien
fourrer mes doigts dans quelque chose d'humide pour me rappeler
où je suis
je ne veux pas finir comme
Kenneth Patchen - se cachant en
Californie - exilé

Pound & Artaud coffrés
dans le passé - Poe, ce poivrot
ce poivrot paranoïaque !)

Madame, il faut être réaliste
envoyer tous vos poètes dans les maisons de fous
ne favorise pas la profession
vos cheveux bleus au vent
& vos yeux pleins de diamants
vos cuisses de néon tremblotant
s'écartaient dans ma tête
tandis que j'étais assis là dans ce tranquille appartement
de Savannah Avenue attendant que
ma femme-amante adolescente rentre
du travail après l'équipe de nuit
serveuse sur un bateau de la mort-restaurant

un Yorikke grec avec son menu à 1.09 $ spécialités de
chiche-kebab, ragoût d'agneau, poulet rôti
filet de boeuf grillé, côtelette de veau, spaghetti
etc tout ayant le même goût
pendant qu'en bas, le chien péquenaud
aboyait dans le noir chaque fois
qu'un lambeau de vieux journal ou qu'un emballage plastique
voletait sur le trottoir
j'étais assis à me demander
si elle n'avait pas été attirée
dans une rue tranquille & violée
pendant que je rêvais d'amour et de paix
que je rêvais de femmes étranges
frappant à ma porte en costumes érotiques
chuchotant entre leurs lèvres humides & des roses flamboyant
entre leurs cuisses au lieu de ça
chaque jeune fille/vieille fille
que j'aie jamais rencontrée me voulait pour frère
pour ami, « allez vous faire foutre ! merde ! »
avais-je crié aux ombres
[...]

( D.A.Levy : Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue .Traduit de l'anglais (américain) par Lucien Suel

http://tl6.ouvaton.org/codex/)