261 : Tout est bonté ; mais nul ne saisit
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Un signe de ralliement, et voici le bâton
Du chant, qui indique le bas,
Car rien n'est en commun. Les morts, il les
Eveille, ceux qui ne sont pas encore pris
Par la matière. Mais attendent
Beaucoup d'yeux craintifs,
De regarder la lumière. Ils ne veulent pas
Fleurir au rayon tranchant,
Bien que la bride d'or tienne leur courage.
Mais quand, comme
Par les sourcils froncés,
Oubliée du monde
La force au calme éclat tombe de la sainte écriture, ils peuvent,
Se réjouissant de la grâce, eux
S'exercer au regard calme.
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( Friedrich Hölderlin. PATMOS. Au Landgrave de Hombourg. (Première version). Traductionde Claude Nicolas Grimbert, Serge Eitinger, Armel Morgant, Bernard Proust.)
A l´approche des dix années à Tübingen, je suis allé faire un tour au cimetière du centre-ville et revoir la tombe de Hölderlin où je ne m´étais pas rendu depuis mon arrivée ici. Je ne me souvenais plus de cet arbre poussant là et qui paraît continuer le mouvement d´une vie, un frêne (merci à Emmanuel Hiriart qui m´a aidé à reconnaître l´arbre).
Le frêne est un arbre sacré dans plusieurs cultures, notamment germanique et scandinave. Selon les spécialistes des mythes, c'est l'arbre du monde, à l'ombre duquel l'univers se déploie, qui abrite d'innombrables animaux et dont tous les êtres dérivent. Toujours vert, il est le symbole de la pérennité de la vie, que rien ne peut détruire.
"Ajoutons que chez les scandinaves il s´appelle Yggdrasill. Une de ses racines plonge à la source du géant Mimir (mémoire) où Odin a mis en gage un de ses yeux pour avoir connaissance des mystères les plus redoutables; une autre de ses racines plonge dans la source Urdr, une des trois Nornes présidant aux destinées des êtres vivants. Il soutient les neuf mondes. (Cette belle science me vient de la préface faite par Régis Boyer aux poèmes de la Suédoise Karin Boye - 1900-1941)" (Emmanuel Hiriart)
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( Laurent Margantin: http://people.freenet.de/autres-espaces/patmos.html )