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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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9 décembre 2004

70 : C'est où Fressin ?

La maison de Fressin n'existe plus – incendiée pendant la guerre – et pas davantage cette humanité de la « vieille France » en laquelle, comme Péguy, Bernanos, avait ses véritables racines. Il appartenait à ce monde-là par son existence villageoise ; il y appartenait aussi par sa mère, fille d'un très modeste paysan. Comme tant de spirituels et d'imaginatifs, Bernanos devait beaucoup aux hérédités et aux influences maternelles. Ses grands yeux profonds étaient ceux de sa mère, et on apprend sans étonnement que cette femme austère, impérieuse, était de celles que fascine l'âme sacerdotale. Parmi les clichés photographiques, œuvre du père, retrouvés il y a quelque temps dans les ruines de la maison de Fressin, un bon quart sont des portraits de prêtres, amis de la famille, que l'objectif a saisis dans un coin du jardin ou sur le beau tapis où Emile Bernanos faisait poser tout le monde, en cette fin du siècle où photographier était un acte d'importance. (p.26)

…

Septembre 1918. – J'attends une photographie de ma petite fille, pour vous l'envoyer. Elle est un directeur de conscience fort utile à son papa. Peut-il mieux faire que de l'imiter ? Tout ce que je désire, et que je dispersais jadis, elle l'a rassemblé dans ses mains, et c'est là que le bon Dieu me trouvera quand il daignera m'appeler.

Vous verrez sa petite mine grave, la tête toujours penchée sur l'épaule droite, et le front préraphaélique – mais vous ne verrez pas, sur le papier au citrate, ses yeux d'ombre bleue… (p.107)

.

 ( Albert Béguin, Bernanos. Ecrivains de toujours, Seuil 1982.)


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