903 : Clin
13 h 55
Le train va arriver à Lille. Le candidat est seul, dans le sas d'accès au wagon. Le corps est là, se balançant rythmiquement entre talons et orteils, mais l'esprit est ailleurs. Nicolas Sarkozy au repos (si l'on peut dire) offre un spectacle d'inquiétude. Haussement compulsif des épaules comme pour chasser le poids de la veste (noire et légère), resserrements incessants du noeud de cravate (bleue à pois blancs) avec rotations du cou et rictus de pendu. Le visage est une mer démontée où les yeux roulent comme hors de contrôle. Les lèvres décochent des sourires automatiques à la demi-douzaine d'objectifs entassés dans le sas. Nous héritons d'un clin d'oeil déclenché par on ne sait quelles synapses. Le parachutiste s'apprête à sauter.
En transe sur les chemins de France
Par Edouard LAUNET
Liberation : mercredi 2 mai 2007