875 : Allez touche
Je reculai vers l'eau plus profonde. J'étais déjà sur la pointe des pieds, je reculai toujours. J'avalai un peu d'eau. Vrai navire, elle continuait d'avancer sur moi. Je ne pouvais plus reculer. Elle se colla tout contre moi. Elle avait le regard vide. Ses yeux étaient pâles, sans la moindre couleur. Je sentis son corps toucher le mien.
- Touche-moi le con ! fit-elle. Je sais que t'en as envie, alors, vas-y ! touche-moi le con ! Touche-le moi !"
Elle attendit.
"Si tu me le touches pas, je dis au maître nageur que tu m'as attaquée et tu vas en taule ! Allez ! Et maintenant tu me touches !"
Je n'y arrivais pas. Tout d'un coup, elle passa les bras sous l'eau, m'attrapa les parties et tira dessus. Quasi qu'elle m'aurait arraché la bite. Je tombai à la renverse dans l'eau profonde. Je coulai, je me débattis, je refis surface. J'étais à deux mètres d'elle, je me mis à nager vers l'endroit où le bassin était moins profond.
Charles Bukowski, Souvenirs d'un pas grand-chose. Ed Le Livre de Poche, n°6297, 1989, p.85. Traduction Robert Pépin.