637 : Le mauvais oeil

Lui, d'ailleurs, le demandait. Quand j'arrivais le matin, il me disait bonjour avec ses yeux. Son regard qui, dans l'autre hôpital, ne se détournait pas était devenu mobile. Nous parlions en nous regardant. Il me faisait même comprendre qu'il allait fermer les yeux pour faire un petit somme. Avec les yeux, je communiquais avec lui. Avec les mains aussi.

C'est la jeune femme qui le gardait le jour de l'accident qui a lâché pour la première fois le mot. Quand je lui ai raconté que les médecins ne pouvaient apporter d'explication, elle n'a pas tardé à donner la sienne. C'était le mauvais oeil.

Laure Adler ; À ce soir. Editions Gallimard, 2001,p.147.

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