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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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29 mai 2005

383 : "Je ne pouvais pas lui parler."

[...] A Toulouse, le poète Serge Pey, figure de la lecture en public, est partie prenante du Marathon des mots. L'auteur de Dieu est un chien dans les arbres (éd. Jean-Michel Place, 1994) et de La Main et le Couteau (éd. Paroles d'aube, 1997) dit ses poèmes au cours de lectures-récitals-performances, seul ou avec ses amis, le jazzman André Minvielle ou les chanteurs italiens réunis autour du poète sarde Alberto Mazala : "Il y a une blessure entre les mots et les choses, et c'est dans cette blessure que la poésie va se dire, affirme Serge Pey. Oralité et écriture marcheraient ensemble si la poésie française n'avait oublié un des aspects fondamentaux de la création poétique : l'expression du corps. La véritable oralité est une défense de l'écriture."

Sur scène, il marche en s'appuyant sur des bâtons sur lesquels il transcrit ses poèmes. Il jette ses mots jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la transe, "jusqu'à trouver l'inconnu du poème". Lire en public, c'est, selon lui, provoquer une rencontre unique avec l'autre. "L'écriture, c'est quelqu'un qui marche vers un arbre ; de l'autre côté, dans la même symétrie, marche celui qui écoute. Et le poème se fait quand les deux se rencontrent sous l'arbre, pour une parole d'ombre et de lumière."

Serge Pey se dit enfant du théâtre d'Antonin Artaud et du Living Theatre des années 1970. Né à Toulouse en 1950, de parents anarchistes espagnols réfugiés pendant la guerre d'Espagne, il se voit comme un "troubadour postmoderne". Il reste marqué par le souvenir de sa mère, couturière, qui avait toujours des épingles plein la bouche : "Je ne pouvais pas lui parler." Aujourd'hui, il explique : "Un texte est toujours le souvenir d'une bouche, du drame d'une bouche qui reste dans l'impossibilité de dire ce qu'elle a vu." Aux yeux de ce défenseur de l'oralité du texte, la multiplication des lectures à voix haute est une évolution positive : "Chaque poète est un territoire qui va créer un lieu d'ouverture chez celui qui l'entend, et des dizaines de territoires peuvent cohabiter." 

( Catherine Bédarida : Festival de mots à Toulouse LE MONDE DES LIVRES | 26.05.05 | 15h51 ) ( http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-654090@51-627811,0.html)

http://www.lemarathondesmots.com/index.html

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