192 : Soixante ans après la libération d'Auschwitz
Les extraits des confessions des chefs nazis
Ce soir, Göring se trouvait dans sa cellule. Il fumait sa longue pipe de chasse bavaroise. J'ai observé qu'il avait l'air passablement « abattu » et que je me demandais si quelque chose le déprimait. Il a fixé le mur d'un air songeur : « Eh bien, cette sciatique m'a un peu abattu, mais je dois avouer que, d'une façon générale, je ne me sens pas aussi allègre que je pourrais l'être. Moi-même je ne le comprends pas. Par ailleurs, je suis prisonnier, dans un procès où je risque ma vie, dans une position très abaissée par rapport à celle dont j'ai joui de longues années, et j'imagine que c'est normal que je me sente à l'occasion à plat. Vous savez, je passe une bonne partie de mon temps à rêvasser. Par exemple, quand les choses sont ennuyeuses ou désagréables à la cour, je peux fermer les yeux derrière mes lunettes noires et je vis pour ainsi dire dans le passé. Je pense aux nombreux moments agréables que j'ai connus. Par exemple, je pense aux grandes soirées que j'organisais souvent à Karin Hall ou à ma popularité parmi les Allemands, ce qui me procure beaucoup de plaisir et de satisfaction. Je suis certain de rester dans l'histoire comme un homme qui a fait beaucoup pour le peuple allemand. » [...].
( Leon Goldensohn, « Les entretiens de Nuremberg »,présentés par Robert Gellately, Flammarion, 829 p.
© François Dufay. Le POINT. 20/01/05 - N°1688 - Page 46 - 4132 mots )