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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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22 septembre 2009

1265 : Les Ravagés

Dans le visage un oeil qui n'existe plus, comme bu par un buvard. Il en reste le pli. OEil qui a renoncé à être, ne trouvant au-dehors rien à sa convenance.
L'autre, fermé par une large et pesante paupière semble bien déterminé à ne pas se relever.
Un être a baissé ses volets.
Douloureuse, la bouche amère exprime assez que ce n'est pas pour rêver à des fleurs ou à des charmes que l'oeil a été refermé si décisivement, ni pour contempler d'intéressantes constructions du subconscient, mais pour seulement rester cantonné en sa misère, à l'abri dans sa misère, où il y a annulation de tout, mélancolie exceptée.
À distance, formant une rougeoyante, menaçante inégale ligne d'horizon, un incendie, les minces lèvres d'un grand incendie. Brasier impossible à maîtriser. On ne va pas pouvoir le contenir davantage.
Lointain encore, encerclant déjà, que lui seul voit.

Henri Michaux, Chemins cherchés, Chemins perdus, Transgressions. Editions Gallimard/ Pléiade T.III, 2004, p.1173.


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