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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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18 janvier 2007

842 : "L'écriture me monte à la tête"

Jauffret aime les effets de surprise, puisqu'il cherche à se surprendre lui-même : c'est d'ailleurs pour ça qu'on le lit. Sa manière de souffler sur l'imagination, d'y jeter tous les possibles, est une manière de libérer le lecteur, ce peine-à-lire. La liberté naît de l'exercice masturbatoire de la fiction : tel est le programme. Il permet de connaître, quelques instants, toutes sortes d'états.

Entrée «Balzac» : «Quand Balzac était fatigué, je vivais à sa place, et j'étais bien obligé d'écrire ses livres. Je buvais du café toute la nuit, noircissant des pages pleines de comtesses, de cochers, d'arrivistes, et de jeux de mots dont j'avais honte. Ses romans sont ennuyeux à lire, mais les écrire était avilissant, et il me semblait que ma main était un âne bâté chevauchant une plume arrachée à la queue d'un volatile plus bête que les oies.» Ça, c'est l'état critique.

Au passage, des effets de style propres à Jauffret rappellent que, comme tout écrivain, il travaille aussi à l'oreille. Ainsi, les tirets de dialogue. Chez lui, ils signifient rarement une citation ou une réplique. Ce sont plutôt des points d'orgue : ils résument, accélèrent ou concentrent la narration ; des meules à aiguiser le sens ou l'absurdité du récit.

Dans «Bienfaisante censure» : «On n'écrit pas dans la tristesse, dans l'accablement, on écrit comme une arme aveugle, joyeuse de tirer ses rafales dans le gras de l'humanité, comme un bombardier ivre de bombes incendiaires qui lâche sa gerbe au-dessus des capitales, des ports, et même des villages peuplés de retraités endormis, afin de semer la panique et que nul ne se croit à l'abri.

­ L'écriture me monte à la tête.»

Au micro, Régis Jauffret. Microfictions, éd. Gallimard, 1 025 pp., 25 €.
Un casse-pipes en 500 mini-récits, riches en effets de surprise.
Par LANÇON Philippe
Liberation : jeudi 18 janvier 2007


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Commentaires
A
le cerf volant dans l'arbre phylogénétique du rêve peut détroner le furet le chat et le mauvais danseur...
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A
pffuii mais c'est l'ami du cerf-volant s'il est solide/et bon danseur
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M
sshhh shh le vent empêche de penser, c'est l'ennemi du cerveau, son lavage à sec shec sh sph
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R
Le vent me porte où elle me monte à la tête, toujours.shhh
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A
Mais Méh mé m., VOUS êtes de retour avec le vent ?
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