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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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25 juin 2006

711 : K.

Noir sur blanc. Barbe, cheveux, yeux, coeur (Ah ! surtout le coeur), noir, noir, noir, le cheval et le traîneau. Et la neige blanche, aveuglante, sous tes pas, jusqu'au bout du chemin. De tous les chemins. Là où l'horizon bascule sur le vide. Tuer un homme à la limite de ce vide. Se maintenir en équilibre au bord du gouffre. Le temps nécessaire pour ajuster son arme et tirer. Un gallon de sang, environ, pas beaucoup plus, à verser. Tu es médecin et connais ces choses. Ta familiarité avec la naissance et la mort n'a de comparable que celle des très vieilles femmes de campagne. Couseuses éternelles de langes et de linceuls.

Cinq heures du matin. Tu laisses tinter joyeusement les grelots au col de ton cheval. Tout comme si tu les avais toi-même autour du cou, ces clochettes exubérantes. Personne, à part toi, ne pourrait supporter l'incroyable légèreté de ton âme, ce matin.

Anne Hébert : Kamouraska. Editions du Seuil /points R67, 1982, p.190. 


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