703 : Dormir, dormir...
- Si l'on parvient à briser la douleur et à s'en rendre maître, c'est déjà bon signe, et il faut en remercier Dieu ! s'écria Pavel Pavlovitch; et il courut préparer tout joyeux une autre tasse de thé et une autre assiette.
- Le tout, c'est de briser le mal; le tout est d'arrêter sa marche,répétait-il à chaque instant.
Au bout d'une demi-heure, la douleur était presque complètement calmée, mais le malade était si exténué que, malgré toutes les supplications de Pavel Pavlovitch, il refusa de laisser appliquer "encore une petite assiette". Ses yeux se fermaient de faiblesse.
- Dormir, dormir, répétait-il, d'une voix faible.
- C'est ce qu'il y a de mieux à faire, acquieça Pavel Pavlovitch.
Fédor Dostoïevski : L'éternel mari. Editions Folio n°97, 1972, p.232.