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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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16 mars 2006

640 : L'ombre des plénitudes intentionnelles

588 - L'ombre des choses

J'errais au bord de l'étang, mélancolique. L'automne était morne, la lune pleurait, le vent chantait dans le soir, monotone à mourir. Au loin s'élevaient les plaintes d'un âne, poignantes. Ainsi là-bas un être affligé semblait partager ma peine... Je marchais, résigné, au bord de l'onde. Solitude, accablement, ennui, dégoût : quatre murs oppressants, quatre raisons pour ne plus songer à rien d'autre qu'aux barreaux de mon âme en deuil.

L'âne dans le lointain se lamentait toujours. Etais-je Le seul à entendre sa détresse ? En moi, une nuit sans fin, un vide sombre, une vallée désolée. Les braiments de l'animal résonnaient comme un glas grotesque dans la campagne. L'écho pitoyable sous les étoiles de la créature déshéritée accentuait ma douleur. Le quadrupède adressait à qui voulait l'entendre son désespoir.

L'âne au-delà l'étang, hors de vue, oublié de tous, ne racontait-il pas à l'Univers entier son humble chagrin ? J'avais l'impression de récolter ce soir-là la plus secrète misère du monde, venue de l'horizon, tentant de monter jusqu'aux étoiles, pour finalement retomber sur mes épaules...

Les appels de la pauvre bête ressemblaient à une prière dans la nuit, j'en fus touché. Des cordes insoupçonnées vibrèrent chez moi. Je sentis mon humanité s'étendre jusqu'aux figures les plus modestes de la nature. En pensée je rejoignis l'équidé. Les yeux fermés je le caressai au cou. Puis je le chevauchai. Alors tout s'illumina. Des espaces radieux s'ouvrirent devant moi. Je me retrouvai au milieu d'une prairie éclatante de lumière, sur le dos de l'âne. Ses braiments sinistres s'étaient transformés en autant de rires. Des gens m'aimaient, qui m'appelaient tout autour de moi. Partout, des fleurs vives, de l'eau claire, une joie irréelle.

Je rouvris les yeux dans l'obscurité. La lune pleurait toujours au-dessus de ma tête. Le vent gémissait dans la plaine. L'étang me parut plus noir que jamais. L'automne était un véritable tombeau. Et ma solitude, une pierre dans la fosse.

Longtemps, l'âne manifesta son infinie détresse dans le lointain.


Raphaël Zacharie de Izarra


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Commentaires
A
"Entre tous les voleurs, les sots sont les pires : ils nous dérobent à la fois le temps et la BONNE HUMEUR" J.W.G
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R
L'argent a engendré bien des phénomènes iniques, pervers, infâmes parmi lesquels le COPYRIGTH, véritable religion d'État de notre société matérialiste obsédée par le droit jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne, et qui a fini par sacraliser au plus haut point les rapports économiques entre les hommes. <br /> <br /> Afin de "protéger" les auteurs contre l'exploitation de leurs textes, Beaumarchais qui fut à l'origine de cette aberration morale aux allures faussement philanthropiques a initié une révolution intellectuelle qui s'est érigée de plus en plus comme une tyrannie, soutenue par des textes de loi intransigeants. Le mensonge est devenu norme, à tel point que nul ne conteste aujourd'hui la folie intrinsèque du COPYRIGTH. <br /> <br /> Précisément, le rôle de l'écrivain n'est-il pas d'émettre ses textes afin qu'ils soient "exploités", autrement dit lus, joués, pensés, appréciés ou détestés sans aucune restriction par ses frères humains et indépendamment des contingences matérielles réglant sa vie personnelle ? De quel droit l'auteur imposerait-il au monde ses oeuvres telles qu'ils les a conçues ? Chacun a la liberté inaliénable d'interpréter, d'auto-censurer partiellement ou entièrement, de réécrire mentalement, de reformuler, de corriger, de lire en diagonale et même de lire une ligne sur deux si cela lui chante les écrits d'un auteur. La loi sur les droits d'auteur n'est ni plus ni moins un chantage exercé sur le lectorat par l'auteur, chantage dans lequel il fait intervenir des considérations financières indignes des hauteurs où en général il prétend élever son lectorat à travers sa plume... <br /> <br /> Le rapport entre la protection des écrits d'un auteur et les nécessités domestiques ou même vitales comme le droit de manger à sa faim ne devrait jamais être fait. Cela peut certes sembler cruel et injuste mais la maladie qui frappe n'importe qui sur terre, n'est-elle pas injuste, cruelle ? Pour soigner un seul individu, a-t-on le droit de refuser les soins à des milliers d'autres ? De même un seul individu a-t-il le droit de céder son oeuvre à des milliers de gens socialement privilégiés sous la stricte condition qu'ils le payent pour les idées, les réflexions ou les charmes littéraires contenus dans cette oeuvre, et de la refuser catégoriquement à ceux qui n'ont pas les moyens de l'acheter ? Les droits d'auteur sont une atteinte profonde aux droits du lecteur. <br /> <br /> Que l'auteur exige de pouvoir vivre de sa plume est son choix et sa stricte liberté, mais en aucun il ne devrait pour cela interdire aux plus pauvres de ne pas accéder à ses oeuvres. <br /> <br /> "Propriété intellectuelle" : termes parfaitement antinomiques, inconciliables par définition, exprimant des principes complètement opposés... Tout ce qui appartient au domaine intellectuel bien au contraire est entièrement, définitivement, infiniment libre. Libre comme le sont la pensée, l'émotion, l'imaginaire, la poésie, l'amour et le vent. Par quelle incroyable corruption mentale l'esprit humain a-t-il pu se résoudre à mettre la pensée, l'imagination, l'Art, les battements du coeur en cage ? <br /> <br /> L'homme s'est mis dans la tête des barreaux mentaux. La cause ? L'argent. Tout n'est qu'affaire d'argent, rien que d'argent. Où est l'équité dans le fait qu'un auteur soit rétribué selon la quantité d'ouvrages vendus et non pas, plus justement, selon la qualité de ses écrits ? Le critère même de rétribution de l'écrivain porte atteinte à l'esprit de justice. Pour une somme de travail équivalente, tel auteur sera payé cent fois plus qu'un autre. Son mérite ? Il aura su flatter les vils instinct d'un certain lectorat en lui proposant des histoires de fesses, tandis que tel autre auteur inspiré mais plus naïf aura chanté chastement les étoiles. Nulle part ailleurs que dans le domaine des droits d'auteur règne l'arbitraire. <br /> <br /> Prendre en otage l'humanité entière juste pour protéger un auteur sous prétexte de défendre ses "droits" égoïstes est un authentique viol moral contre l'Homme. Ainsi seuls les lecteurs socialement privilégiés auraient le droit moral et légal de jouir des trésors culturels ? L'argent ne devrait jamais intervenir dans ces affaires-là. Au lieu de cela il est le principal facteur autour duquel toutes ces choses sordides et mesquines s'élaborent ! Il est même très souvent la seule justification, l'unique motivation, la première raison... La preuve : des auteurs n'écrivent que pour faire fonctionner le moulin à bénéfices, sans aucune exigence artistique. En admettant que la loi sur les droits d'auteur eût un fondement moral réel, qu'elle fût recevable que le plan intellectuel, alors elle perdrait dans ce contexte-ci tout son sens. Ces droits sont utilisés en ce cas comme un filon à exploiter, non comme une "protection" réelle de l'auteur. <br /> <br /> Autoriser l'accès à l'oeuvre en échange d'argent (correspondant aux droits d'auteur) est une injustice fondamentale qui lèse d'abord et surtout l'humanité avant l'auteur lui-même. L'auteur, lien entre le ciel et la terre, entre les muses et les hommes, entre le sacré et le profane, et parfois plus simplement entre les communautés, devrait s'effacer avec une naturelle humilité qui le grandirait, au lieu de vendre son âme au prix du marché de l'édition. L'écrivain n'a aucun droit sur ses écrits à partir du moment où il accepte de les diffuser. Il ne pourra jamais interdire au lecteur d'interpréter ses écrits comme il l'entend. Le lecteur peut à sa guise déformer dans sa tête, son coeur et son âme les écrits d'un auteur sans que ce dernier ne puisse le lui interdire. Alors de quel droit l'auteur exigerait-il de n'être pas plagié, déformé, copié matériellement puisqu'il est possible de le faire mentalement ? <br /> <br /> Attendons-nous à voir un jour une loi interdisant au lecteur de répéter oralement des phrases lues dans un livre... Aujourd'hui perspective aussi aberrante que de faire payer un droit de respirer l'air qui nous entoure, demain cette absurdité sera peut-être universellement admise au même titre que de nos jours est admise sans contestation la loi sur la "propriété intellectuelle". <br /> <br /> Rappelons-nous toujours que l'esprit est d'essence divine, que la pensée comme l'air n'est la propriété de personne, pas plus que la Lune n'appartient aux astronautes ou que le pape n'a le monopole du soleil qui brille pour tous. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra <br /> raphael.de-izarra@wanadoo.fr <br /> 2, Escalier de la Grande Poterne <br /> 72000 Le Mans <br /> FRANCE <br /> Téléphone : 02 43 80 42 98 <br /> Freebox : 08 70 35 86 22
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C
" Je vais me coucher sur le dos <br /> Et me rouler dans vos rideaux, <br /> O rafraîchissantes ténèbres!»
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R
DEUX TEXTES POUR CONTREDIRE NOS STATUES<br /> <br /> 1 - L'ART RIDICULE<br /> <br /> Quand un dévot évoque ses personnages bibliques favoris, il les conçoit nécessairement vêtus de toges impeccables, évoluant en permanence dans une gestuelle hautement symbolique et arborant en toutes circonstances des airs d'une dignité parfaitement caricaturale. <br /> <br /> Imaginez qu'un de nos grands hommes d'Église actuels singe ces statues humaines aux attitudes stéréotypées... Même le plus étriqué des bigots le trouverait ridicule. <br /> <br /> Dans le même ordre d'idées je trouve complètement ridicules les peintures mythologiques, bibliques (et parfois historiques) des musées. <br /> <br /> Ces Diane bien en chair qui vont pieds-nus en pleine forêt avec dans leur dos des carquois d'opérette, ces satyres ricanants qui séduisent des nymphes évanescentes aux yeux systématiquement révulsés, ces pompeux embarquements pour Cythère, ces improbables parties de chasses olympiennes, ces interminables banquets célestes et autres festins éthéréens entre ailés constipés et mortels ravis (qui semblent eux aussi, avec leurs grands airs prétentieux, ne jamais condescendre à aller aux toilettes), ne font-ils pas passer leurs augustes auteurs pour de grands niais à l'imaginaire sclérosé, infantilisé, "imbecillisés" par les mythologues antiques ? <br /> <br /> Ridicules sont les thèmes de ces peintres, de ces compositeurs, de ces écrivains décrivant avec un tel déploiement artistique ces mièvreries académiques... Par delà l'aspect strictement esthétique de ces oeuvres, je me demande comment des grands esprits ont-ils pu peindre avec tant de sérieux des scènes aussi benoîtes... <br /> <br /> Imaginez un seul instant Socrate dans sa baignoire en train de porter à ses lèvres, dans un geste solennel et précis, une large coupe finement ouvragée remplie de poison... <br /> <br /> Il passerait pour un guignol complètement ringard, comiquement hirsute... Bref, un grand philosophe au poil blanchi absolument pas crédible. L'effet recherché serait raté. Ou plutôt réussi : ce pauvre fou trempant toge et barbe blanches dans une baignoire tout en buvant un breuvage infect inspirerait un immense éclat de rire planétaire, s'il s'exhibait ainsi devant nos actuels reporters... C'est ce même éclat de rire que m'inspirent les thèmes bibliques, mythologiques ou historiques si souvent représentés dans les oeuvres immortelles et rigides de nos musées. <br /> <br /> 2 - L'INSIGNIFIANCE DE LA PIERRE<br /> <br /> Blanchir des cathédrales noircies, reconstituer dans l'esprit des époques révolues des monuments en péril conçus il y a deux, quatre, cinq siècles, mille ans par des architectes morts et depuis longtemps réduits en poussière, mettre des béquilles à des châteaux de toute façon voués à la disparition, faire des moulages de têtes perdues... A quoi bon toutes ces gesticulations de restaurateurs éblouis par des illusions de grandeur ? Recoller les morceaux érodés du patrimoine historique vaincus par le temps : vaine mission ! <br /> <br /> Notre siècle plus que tous les autres sacralise le passé. Cela est sot, cela est profane, cela est superflu. L'essentiel n'est-il pas d'admirer ce qui est vif, proche, présent ? Ce qui doit être respecté, n'est-ce pas la chair plus que la pierre ? Ce qui doit être glorifié, n'est-ce pas le coeur palpitant mieux que les crânes jaunis ? Ce qui doit être vécu, n'est-ce pas notre quotidien plutôt que par procuration ces chimériques âges d'or des anciens ?<br /> <br /> Que vaut un vitrail de cathédrale devant un souffle humain ? Les "trésors" médiévaux tombent en ruine, et alors ? Faire tant d'histoire pour restaurer les ouvrages du passé, quelle onéreuse indécence ! Je ne crois pas au poids hypertrophié que le passé donne aux choses. Ce qui fait le prix des cathédrales, des pyramides égyptiennes ou même de la Tour Eiffel, est-ce véritablement leur lignes, leurs dureté, leurs hauteurs ou bien simplement leur âge ?<br /> <br /> Hier le centre Beaubourg à Paris était considéré comme un ratage. Aujourd'hui on commence à le regarder d'un oeil bienveillant. Demain ce sera une merveille.<br /> <br /> Les cathédrales ne valent rien. Les pyramides sont caduques. La Tour Eiffel se fout du monde entier. En vérité la vie est dehors, au soleil, sous la pluie, dans le vent, parmi la foule des hommes, loin des pierres, au coeur de nos viscères, au fond de nos âtres, sous nos draps, tout proche de nos pieds, dans le creux de nos paumes, au bout de nos lèvres, à deux doigts de nos cheveux. La vie est là, dans les détails les plus banals, les plus insignifiants de nos journées. Le reste n'est qu'artifice de pierre et de métal.<br /> <br /> Blanchissez vos cathédrales, restaurez vos monuments, sondez vos pyramides, moi je contemple l'escargot sous sa coquille frêle qui mollement, de son pied unique glisse sur ma feuille de salade, plein d'un baveux, universel, vivant mystère.<br /> <br /> Textes de Raphaël Zacharie de Izarra<br /> raphael.de-izarra@wanadoo.fr<br /> 2, Escalier de la Grande Poterne<br /> 72000 Le Mans<br /> FRANCE<br /> Téléphone : 02 43 80 42 98<br /> Freebox : 08 70 35 86 22
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