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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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15 mars 2006

639 : Ses yeux à la belle chassie

Lucie pentue hésitante, son visage comme une farine fraîche, ses yeux

bleus, je les voyais qui se baissaient et qui se levaient,

et se tournaient à droite et puis à gauche, Lucie se

tenait penchée. Elle ne savait pas ce qu’elle cherchait. Je

la regardais à travers la vitre déformée, une mouche tournicotait et

se posait sans cesse autour de mes yeux, puis elle se

nettoyait les pattes et les yeux, et repartait en faisant bzeu.

Je notais la présence de gros nuages blancs épais qui passaient

même assez vite dans le ciel. Au-dessus du mur qui fermaient

la cour, le haut du lilas de la voisine et derrière

de l’église d’ardoises le clocher. Des bandes d’oiseaux

passaient aussi. Certains loin et lents, et d’autres près et

vite. L’instant avait une densité intarissable en même temps inconsolable

semblait le monde. Alors mouche s’a posée sur l’extrémité

de mon nez : Lucie se tenait dans la cour pentue sur

une seule jambe, guibole, la tête penchée de côté, ses cheveux

blonds mi-longs très blonds, son oreille d’où perlait peut-être le

cerumen le plus suave ; ses yeux à la belle chassie aussi

tournicotaient à la recherche de – elle était derrière à savoir

quoi. Elle avait au front ce pli de souci, d’attention.

Ivar Ch’Vavar : Hölderlin au mirador (chant 13). Revue Le Jardin Ouvrier n°15, Décembre 1997, p.6.


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