483 : "Gris mais également clair partout "

Dimanche

Anniversaires

11 septembre. C'est l'anniversaire de ma soeur. Elle habite en Floride. Il y a deux mois, elle a dû être évacuée à cause de l'ouragan Denis. Il y a deux semaines, elle a assisté de près à l'évacuation de toute une ville à cause de Katrina. Au téléphone elle me dit : «Tu te rends compte, c'est Halliburton, la compagnie proche de l'administration Bush et de son vice-président Dick Cheney, qui va s'occuper de la reconstruction des zones dévastées. Comme en Irak. Et comme en Irak, Halliburton a obtenu les contrats sans véritable appel d'offres.»

Voici quelque onze septembre marquants. La fête nationale catalane, la diada, commémore la résistance des Barcelonais, en 1714, face aux troupes du nouveau roi d'Espagne, le Bourbon Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, qui suspendit illico presto les libertés catalanes.

En 1888, meurt Sarmiento, président argentin, fait rare, démocratiquement élu (1868-1874) et auteur du Facundo, épopée fondatrice de la littérature et de l'identité argentines.

En 1971, c'est au tour de Nikita Khrouchtchev de franchir le Styx : «Où est passée ma chaussure», furent, à ce qu'il paraît, ses dernières paroles. Celles de Salvador Allende, deux ans plus tard, sont plus tragiques : «J'ai la certitude qu'au moins mon sacrifice ne sera pas vain.» La réponse lui vint de Henry Kissinger : «Je ne vois pas pourquoi nous aurions dû rester à l'écart et observer comment un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple.» Trois ans après, jour pour jour, eut lieu, à Santiago du Chili, la rencontre entre Pinochet et Videla, qui venait d'instaurer en Argentine un régime à la Kissinger.

En 1998, Bill demande publiquement pardon à Monica, tandis que le rapport Starr rend compte dans le détail de ses incartades.

En 2001, attentat à New York.

Le 11 septembre 1912, Kafka raconte dans son Journal un rêve bizarre : «Au début je ne savais pas où j'étais, mais en me levant par hasard, je vis, à ma gauche et à droite derrière moi, un immense océan aux contours distincts avec un grand nombre de vaisseaux de guerre alignés et solidement mis à l'ancre. A droite, on voyait New York, nous étions dans le port de New York. Le ciel était gris, mais également clair partout.» 

Mon journal
Du lard et du cochon Par Jordi BONELLS. LIBERATION ,Samedi 17 septembre 2005.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=324296

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