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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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14 septembre 2005

479 : " C’est ce que j’ai fait de mieux pendant près de 40 ans..."

Ce 14 avril 2000

N’ont jamais trouvé grâce à mes yeux :

-         les filles qui portent des boucles d’oreilles ou des bagues ;

-         les filles qui n’ont pas compris que le maquillage est le linceul de la beauté ;

-         les filles qui n’ont pas les cheveux lisses et, si possible, une frange ;

-         les filles qui préfèrent les talons aiguilles aux baskets ;

-         les filles qui n’entrent pas dans des jeans serrés ou qui reculent devant une mini-jupe ;

-         les filles qui fument, qui boivent et qui rient à gorge déployée ;

-         les filles qui ne manifestent pas un goût attendrissant pour la solitude et les voluptés de la mélancolie ;

-         les filles qui veulent des enfants, faute d’avoir pigé que l’énigme du monde tient en deux mots : souffrance pour les individus, propagation pour l’espèce ;

-         les filles que je ne peux pas emmener dans des restaurants japonais ;

-         les filles incapables d’apprécier un café italien ou une partie d’échecs ;

-         les filles qui parlent de la nature avec émerveillement ;

-         les filles qui jaugent les hommes comme un garagiste les voitures d’occasion.

À parcourir cette liste non exhaustive, on conclura que j’ai dû rester bien seul et ramer comme un forcené pour baiser. Eh bien, même pas. Il y a beaucoup plus de jeunes filles à trouver la mort sexy et à reculer devant l’irrémissible laideur de l’âge adulte qu’on ne l’imagine. J’ai pour les dénicher un flair infaillible. Elles ne durent souvent qu’un temps, celui de la première jeunesse, car ensuite la femme en elles s’impose et l’emporte. Ne reste plus qu’à se tirer. C’est  ce que je fait pendant près de quarante ans. C’est même ce que j’ai fait de mieux.

À la question de Proust :

-         Quel est pour vous le comble de la misère ? J’avais répondu : « Ne plus disposer de soi. » Et Linda : « Répondre à des questions indiscrètes. » C’était il y a vingt ans.

Roland Jaccard : Journal d’un oisif  ( mars 2000- novembre 2001). PUF, 2002, p.30/32.


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