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DEFENSE DE SALIVER DES YEUX !
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27 avril 2005

346 : C’est comme si nos bouches étaient faites l’une pour l’autre, vous comprenez ?

Mavis

Le premier garçon j’ai jamais aimé li avait une tête de noix de coco et une bouche à la mangue Julie. Tendre et sucrée comme si li huilait li et frottait li tous les matins. Sa manman l’a appelé Adolphus St Dominic Franklin quand li est né mais li disait toujours nous devions appeler li Frankie, Frankie comme son papa. C’est pas li avait jamais posé les yeux sur son papa depuis li s’était tiré et était allé à l’étranger. Ces mâles jamaïcains li se démènent comme un chien une fois li sont prêts pour une chose.
Frankie avait l’habitude de me conduire du côté de la ravine et li tournait mon visage vers li et m’embrassait et aujourd’hui encore je peux me souvenir comment je me sentais. Comme si je pouvais pas m’arrêter de trembler, et tout moi brûlait, allumé comme du bois de pin. C’est comme si nos bouches étaient faites l’une pour l’autre, vous comprenez ? Li s’arrêtait pour me fixer tout droit dans les yeux, li touchait mes lèvres, comme si elles étaient jolies comme ses lèvres à lui. Comme si li voulait être mort. Nous avions pas l’habitude des baisers trop longs pa’ce que je retenais mon souffle. C’est pas je savais pas embrasser – ma sœur et moi on s’entraînait le soir dans le creux de la main de l’aut’ – mais c’est pa’ce que du côté de la ravine ça sentait vraiment mauvais. {...}
 

( Leone Ross : Le sang est toujours rouge

http://www.revue-pylone.com/litterature2.html#5 )


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